Poursuivant le tournant écologique donné à son écriture depuis 2022, après s’être immergée dans les forêts avec Αγρίμι (Fauve), la chorégraphe Lenio Kaklea réfléchit à la manière dont nous pouvons nous relier au vivant au prisme de la danse et lève les yeux au ciel. Que serait une œuvre chorégraphique prenant le point de vue des oiseaux ? C’est la question qu’elle s’est posée en observant de près leurs mœurs et stratégies sans jamais les idéaliser. Pour être vus et entendus, les parades nuptiales spectaculaires des uns font écho aux mécanismes de défense territoriale des autres, quand la vision surplombante des rapaces assoit contrôle et domination. Et ces corps qui dansent sont-ils semi-humains ou semi-oiseaux ? À l’image des espèces qui migrent en franchissant toutes les frontières, sur fond de chants recueillis dans une île habitée uniquement par des oiseaux, les interprètes nous poussent, êtres humains, à nous intéresser à autre chose qu’à nous-même.