Accueillie en 2022 lors de la saison France-Portugal (Futurologies fluorescentes), la chorégraphe et plasticienne Catarina Miranda revient au Centre Pompidou pour présenter Atsumori. Pour sa toute nouvelle création, l’artiste a voyagé à Kyoto pour se familiariser avec le théaêtre Nô, dont elle a apprivoisé les codes et le répertoire. Le titre de sa nouvelle création, Atsumori, est ainsi emprunté à une pièce du XVème siècle, écrite par Zeami Motokiyo (considéré encore aujourd’hui comme l’un des plus célèbres auteurs et théoriciens du Nô). L’argument d’origine relate la rédemption du spectre d’un jeune samouraï, tué au combat, qui erre sans but sur le champ de bataille dans l’espoir d’une vengeance. Secondé par un moine, le fantôme du guerrier défunt trouve finalement l’apaisement en acceptant sa mort. Tout en s’éloignant de l’alibi narratif de la pièce d’origine, Catarina Miranda cherche à inventer une danse spectrale futuriste, matinée de l’abstraction chorégraphique des dramaturgies du théâtre Nô. Affublés de masques-armures, des corps fantomatiques arpentent l’espace comme un territoire à occuper, traversés par une mémoire et des rythmes issus d’un imaginaire de fiction, hantés par les constructions sociales du passé et du futur. Poursuivant l’ambitieux travail d’éclairage initié dans ses précédents spectacles, Catarina Miranda distend à nouveau l’espace au moyen de lumières hypnotiques. La scène devient un écrin réfléchissant propice à accueillir ce saisissant ballet fantomatiques pour cinq interprètes, qui n’est pas sans rappeler les anciens spectres du Nô traditionnel.