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Du 16 Octobre au 17 Octobre 2024
ORCHESTRE DE PARIS / PETR POPELKA
Opéra
- Philharmonie de Paris - Grande salle Pierre Boulez
Le danger d’invoquer les sorcières, illustré par une splendide page de Dvořák, semble conjuré par le lyrisme de Thierry Escaich. Puissante, irrésistible, la Symphonie n° 5 de Chostakovitch joue avec la propagande, et la déjoue.
Deuxième d’une série de quatre poèmes symphoniques d’après des ballades du poète Karel Jaromir Erben, La Sorcière de midi (1896) est un conte cruel en quatre parties enchaînées, dont la troisième, un Scherzo dépeignant la danse de la sorcière soudain matérialisée, concentre toute la verve orchestrale. Gautier Capuçon donne ensuite une œuvre qu’il a créée en 2023, Les Chants de l’aube de Thierry Escaich. Derrière ce titre schumannien se cache une pièce en trois mouvements reliés par des cadences du soliste. Réminiscences de Victor Hugo, mais aussi citations de mélodies baroques et grégoriennes émaillent cette partition magnétique, dominée par l’élément lyrique.
Composée pour le vingtième anniversaire de la Révolution de 1917, la Symphonie n° 5 est une partition par laquelle Chostakovitch, banni des salles de concert après sa Lady Macbeth de Mtsensk, cherche à rentrer en grâce auprès des autorités. Comme toujours chez lui, c’est cependant l’ambiguïté qui domine : derrière l’expression du triomphe demeure un drame intérieur rappelant la célèbre confidence du compositeur : « La plupart de mes symphonies sont des monuments funéraires. »