Du 28 Mars au 4 Avril 2023

voyage vers l’espoir
Opéra


  • Grand Théâtre de Genève
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voyage vers l’espoir

Cette création, basée sur le film homonyme du cinéaste suisse Xavier Koller, raconte l’histoire d’une famille kurde qui abandonne sa terre et les siens pour parvenir au paradis : la Suisse. Un paradis qui, comme un mirage, s’estompe à chacun de leur pas et qui finit par disparaître à jamais dans une tempête de neige. En filigrane, derrière les individus, on distingue l’histoire avec un grand H : celle de la fracture entre les mondes, celle de la bureaucratie, celle de l’exploitation des uns par les autres. Une fois ses racines coupées, la famille s’enfonce dans un monde féroce où les forces humaines et naturelles finiront par triturer tous ses espoirs. Plus de trente ans après le succès de Voyage vers l’Espoir à la nuit des Oscars, où il devança même le favori Cyrano de Bergerac, et remporta le seul Academy Award (celui du meilleur film en langue étrangère) obtenu par un long métrage suisse, le sujet du film est toujours aussi brûlant. Les migrants peuplent les médias mais surtout les mers et les centres de requérants d’asile. Il y a 30 ans, c’était la montagne qui scellait les destins. Aujourd’hui, il semble que ce soit la mer. Pour ceux qui ne doivent pas faire le voyage, il s’agit toutefois seulement d’une parabole. Qui de plus apte pour mettre en scène ce nouvel opéra que le Hongrois Kornél Mundruczó, réalisateur et homme de théâtre, déjà présent à l’opéra à Genève avec les productions de L’Affaire Makropoulos (2020) et Sleepless (2022) ? Le réalisateur de films comme Jupiter’s Moon ou White God arpente les scènes européennes avec des projets aux dimensions sociales et théâtrales nouvelles, à l’interstice du réel et de sa représentation. Car c’est plus qu’une histoire, nous rappelle-t-il : c’est le quotidien de tous ceux qui ont quitté leur pays de force, de tous ceux qui attendent pour être à nouveau quelqu’un, ceux qui sans terre sous leurs pieds et sans pays dans leurs rêves n’ont plus que le paradis dans les yeux. La musique de cette traversée vers le désespoir, première de nos productions annulées par la pandémie au printemps 2020, a été écrite par le compositeur allemand Christian Jost, déjà connu pour ses adaptations à l’opéra de Hamlet à Berlin ou La Lanterne rouge à Zurich. Son orchestration originale, proche d’une écriture musicale cinématographique, est riche de rythmes puissants et de grandes émotions. La forme de cette œuvre oscillera entre lyrique et symphonique, dans un genre presque nouveau. Spécialiste du répertoire contemporain, Gabriel Feltz dirigera une distribution choisie sur mesure dont le baryton turc Kartal Karagedik et la mezzo-soprano Rihab Chaieb, Canadienne d’origine tunisienne, dans les rôles des parents. Qui sait quel paradis perdu retrouveront-ils ensemble ?