Parler d’alimentation, c’est parler de notre société, de notre histoire, de notre patrimoine. Ce n’est donc pas un hasard si la nourriture est aussi présente dans la bande dessinée depuis sa création. Elle fut d’abord un élément caractéristique d’une époque, d’un héros, d’un groupe d’individus. Puis la bande dessinée a évolué pour faire de la nourriture l’un de ses objets d’étude et de reportage, au fur et à mesure que la perception de l’alimentation a changé dans la société. Le médium bande dessinée traite donc aussi désormais des questions de santé, de bien-être animal, de savoir-faire…

Le musée de la bande dessinée d’Angoulême est l’endroit idéal pour s’intéresser aux liens qui unissent bande dessinée et nourriture, implanté sur un territoire qui aime autant le neuvième art que la bonne chère, en témoigne son festival culinaire annuel “Les Gastronomades”.

Coproduite avec Pôle Culturel de la Cité internationale de la gastronomie et du vin de Dijon où elle sera présentée en 2025, cette exposition s’inscrit d’abord dans la volonté de la direction de La Cité de la BD d’Angoulême de montrer comment la bande-dessinée raconte, accompagne, décrypte les grands sujets et enjeux de notre société.

On se rappelle du dessin animé Astérix et Cléopâtre sorti en décembre 1968, une superproduction : 50 000 dessins réalisés, 300 décors, 150 personnes mobilisées sur l’animation… et un slogan qui annonçait fièrement « un gag toutes les secondes ». Une scène a particulièrement marqué les souvenirs des spectateurs. Obélix, désappointé par la maigre pitance qui lui est servie lors d’un bivouac au bord du Nil, se languit de nourriture plus roborative. Perdu dans ses pensées, il plonge dans un rêve où la cervoise coule à flots et les gigots de sanglier dansent le French Cancan sur l’air de « Quand l’appétit va, tout va ». Cette chanson, vous en entendez l’écho dans notre grande exposition : Croquez ! La BD met les pieds dans le plat.

Des banquets d’Astérix à la morue aux fraises chantilly cuisinée par Gaston, de la salsepareille des schtroumpfs aux ramen de Naruto, des épinards de Popeye à la soupe que refuse de manger Mafalda, la nourriture est un sujet de choix pour les auteurs et les autrices du 9e art. Elle leur permet de caractériser leurs personnages et l’époque, de révéler leurs parts d’intime, mais aussi de célébrer la cuisine comme un acte de création et d’émancipation…

Le patrimoine de la bande dessinée nous offre sur ce sujet un gisement inépuisable de références de Winsor McCay à Morris, Calvo à Franquin ou encore Jiro Taniguchi… qui l’ancre solidement dans la grande histoire du 9e art. Les créations plus récentes, d’Etienne Davodeau à Christophe Blain, d’Aurélia Aurita à Brecht Evens témoignent des évolutions sociétales et du rapport intime, charnel et sensible qui associe l’acte de manger et de cuisiner à celui de créer.

S’emparant de cette thématique, l’exposition proposera un parcours à travers les œuvres d’une centaine d’auteur.e.s avec notamment des originaux exceptionnels.

Bonne dégustation !