Créé le 21 avril 1955 au Teatro Massimo de Palerme, Il cappello di paglia di Firenze est un opéra-bouffe en quatre actes signé Nino Rota (1911- 1979). Célèbre pour ses musiques de film, notamment pour Federico Fellini et Francis Ford Coppola, Nino Rota a également composé de nombreuses pièces de musique de chambre, des œuvres orchestrales et onze opéras. Il cappello di paglia di Firenze s’inspire de la comédie Un chapeau de paille d’Italie d’Eugène Labiche et Marc Michel (1851), adaptée par Rota en collaboration avec sa mère Ernesta Rinaldi. Le choix de cet ouvrage témoigne de l’ambition du compositeur d’explorer le genre comique tout en renouvelant son langage musical. En dépit de quelques ajustements dramaturgiques, l’opéra reste fidèle à l’esprit de la pièce originale, dont l’intrigue cocasse se déroule à un rythme effréné, avec force quiproquos et retournements de situation.

Sur le plan musical, Rota s’inscrit dans la tradition opératique des XVIIIe et XIXe siècles, empruntant aux styles de Mozart, Rossini et Donizetti tout en intégrant des nuances issues de son expérience cinématographique. Riche et pleine de vivacité, sa partition épouse parfaitement le rythme de la pièce. Accueilli chaleureusement à sa création, Il cappello di paglia di Firenze a connu un grand succès auprès du public et des metteurs en scène, notamment Giorgio Strehler et Pierluigi Pizzi. Unique en son genre, cet opéra- bouffe moderne illustre le talent de Rota pour allier légèreté et sophistication.

Le travail du metteur en scène Damiano Michieletto est largement reconnu sur les scènes du monde entier, y compris à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège avec La scala di seta en 2016 et La donna del lago en 2018. Avec cette production d’Il cappello di paglia di Firenze, créée au Teatro Carlo Felice de Gênes en 2007 et reprise dans une nouvelle version en décembre 2024 sous la baguette de Giampaolo Bisanti, Damiano Michieletto signe son entrée au répertoire de notre Maison.

Damiano Michieletto revisite l’opéra de Nino Rota en mettant l’accent sur la dynamique de vaudeville qui traverse l’œuvre. Élément typique du vaudeville, la porte revêt une symbolique particulière et matérialise les secrets et intrigues qui constituent les ressorts comiques et dramatiques de ce genre théâtral. Sur base de cette inspiration, Damiano Michieletto intègre des murs mobiles sur scène, afin de créer un espace constamment en mouvement qui reflète le rythme rapide et les rebondissements de l’intrigue. Ce choix scénique favorise une interaction dynamique entre les personnages, et captive le spectateur par le changement constant du cadre scénique.

Pour le metteur en scène, la complexité de l’intrigue de l’opéra est comparable à celle des grands classiques, et exige une attention méticuleuse aux détails pour que la comédie prenne vie. Brillante bien que légèrement mélancolique, la musique de Nino Rota bénéficie de l’expérience du compositeur pour le cinéma, ce qui enrichit considérablement l’aspect théâtral de la production. Selon Damiano Michieletto, cette musique encourage une fusion entre théâtre et cinéma, dans une approche propice à l’ouverture de perspectives nouvelles pour l’opéra, et à proposer une expérience riche et multidimensionnelle au public.