Dans une nouvelle création pensée pour sept interprètes, Lenio Kaklea s’inspire de sa lecture de l’essai Habiter en oiseaux, où la philosophe des sciences Vinciane Despret pose un regard nouveau sur des vies que nous ne comprenons pas complètement. Son approche guide la chorégraphe dans un monde saturé de signes et de comportements (parades amoureuses, luttes de territoire, cris et chants) où les corps défient la gravité, se lient dans l’espace et communiquent entre eux, solidaires et groupés mais indépendants. Les oiseaux traduit cela en un ambitieux dispositif scénique où la vidéo, l’environnement sonore et l’écriture des mouvements de groupe jouent sur les contrastes d’intensité et de rythme.

Rapide, dynamique et intense, la chorégraphie crée de l’unisson, de l’immobilité ou de la dissonance quand le paysage sonore sculpte aussi bien le silence que les impressionnants enregistrements réalisés sur des colonies de plusieurs millions d’oiseaux, réalisés par le laboratoire de bioacoustique du CNRS.

Filmées et diffusées en direct, des images proposent différents points de vue sur le corps et le mouvement, se jouant là aussi de la gravité. Enfin, la chorégraphe a écrit de courts textes avec le dramaturge Lou Forster, qui apparaissent ponctuellement et prolongent une réflexion sur notre rapport à l’environnement, aux frontières et aux utopies, déjà à l’œuvre dans Αγρίμι (Fauve) en 2023, où elle explorait la forêt comme un lieu – physique et imaginaire – de dissolution des identités et de métamorphose des corps.